Université du Temps Libre - Lille

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DE 1995 A 2021 : une première loi

Cinquième séance dans le cadre de l'atelier cinéma dont le thème est
"ENFANCES, ADOLESCENCES, JEUNESSES , FILIATIONS, TRANSMISSIONS, AVENIRS ?"

Louisette FARENIAUX
Maître de conférence honoraire en étude cinématographique

Lille MESHS

12/05/2022 10:00


A partir du milieu des années 90 le mouvement social reprend avec la grève des cheminots et la révolte des jeunes des cités Le cinéma lie ce retour à la question de la filiation. Laurent CANTET filme "Ressources humaines".
Les jeunes cinéastes appellent à la désobéissance civile et au soutien des sans-papiers. L'appel est signé par 59 réalisateurs dont 22 réalisatrices. Un collectif se forme qui tourne un ciné-tract diffusé pendant plusieurs mois dans des centaines de salles. Bertrand TAVERNIER accompagne un groupe de grévistes de la faim de Lyon victimes de la double peine
La bataille des retraites commence puis celle de la défense de la sécurité sociale et les multiples batailles pour l'emploi.
Les personnes nées dans les premières années du baby-boom composent une génération en réalité très hétérogène et les pensions relativement élevées de sa frange la plus aisée ne doivent pas occulter les pensions beaucoup plus modestes de millions d'anciens employés et ouvrier.ère.s. Plus d'un million de retraités vivaient sous le seuil de pauvreté en 2017.
De la même manière, les jeunes de ce début de siècle constituent une classe d'âge divisée par un certain nombre de clivages : origine sociale et poids de la reproduction des inégalités, scolarisation, genre, territoire. Le chômage les touche particulièrement durant ces trente dernières années.
Le cinéma documentaire retourne à l'usine et assure une partie de la transmission de l'histoire ouvrière aux plus jeunes ("Tous au Larzac", "Voyage au pays de la Peuge", "Mémoires d'immigrés", et plus tard "Indigènes", "La sociale") Jean-Pierre THORN choisit la fiction et un personnage féminin central pour reparcourir les étapes de l'histoire de la classe ouvrière des années cinquante à 1981( "Je t'ai dans la peau"). Les jeunes paysans sont à nouveau présents à l'écran.

Jamais les jeunes Français n'ont été autant scolarisés. Les pouvoirs publics y voient aussi une façon de résorber l'inactivité de la jeunesse lors des périodes de crise comme en 2008 et en 2020. Le passage de l'école au travail se fait donc de façon extrêmement diverse.
L'école est présente dans les films. Elle fait l'objet d'une approche plus précise dans le film de Laurent CANTET "Entre les murs" tourné dans une classe de 4ème de ZEP. Le réalisateur met en place un dispositif qui remet en jeu la relation documentaire fiction.. D'autres films évoquent l'univers scolaire : "L'esquive" de Abdellatif KHECHICHE, "Camille redouble" de Noémie LVOVSKY, "Bande de filles", "Récréations" et plus récemment, "Premières solitudes" de Claire SIMON, "Etre ou avoir" de Nicolas PHILIBERT mais aussi les films de Bertrand TAVERNIER.
De nombreux films s'attachent à montrer l'univers des banlieues. La haine ouvre cette nouvelle série de films. Ils sont, pour la plupart, le fait d'une autre génération qui a connu le chômage, les emplois aidés, l'émergence de la question, les effets de la mondialisation et du numérique, qui a connu aussi le 11 septembre et les attentats. Elle entend rejeter les clichés et les stéréotypes du traitement médiatique. D'abord centrés sur les personnages masculins, ces œuvres accordent une place de plus en plus importante aux personnages féminins au fur et à mesure que l'on avance dans la période. La diversité des démarches ne masque toutefois pas la difficulté à résister à l'image dans laquelle on veut enfermer les cités ce que tente Jean-Pierre THORN dans "On n'est pas des marques de vélos".
Quelques films approchent la question de la radicalisation et des émeutes. D'autres montrent les parcours des jeunes mineurs isolés et des jeunes migrants.
Lorsque l'épidémie du sida apparaît, des réalisateurs témoignent ( Cyril COLLARD, Hervé GUIBERT, Xavier BEAUVOIS...)
La question du genre est très présente durant ces dernières décennies. En 1999, une première loi est votée qui donne un statut légal aux partenaires quelque soit leur sexe. En ce début de siècle le cinéma prend acte des débats qui traversent aussi la jeunesse autour du mariage pour tous, de la lutte contre les violences faites aux femmes, du viol, de l'inceste, du statut des transgenres. Septembre 2021 renouant avec la tradition des enquêtes publiées dans l'Express, paraît La fracture résultat d'une enquête de l'Ifop. Parmi les multiples questions posées à ces jeunes, l'enquêtrice reprend en écho la question répétée par Marceline LORIDAN au début du documentaire de Jean ROUCH et Edgar Morin Chronique d'un été : « Etes vous heureux ? »


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