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Langage et politique chez Dante
Irène ROSIER-CATACH
Directrice de recherche au CNRS / Directrice d'études à l'Ecole pratique
VNA espace culture , Cité Scientifique
13/01/2025 14:30
Pour Dante, la diversité et la variabilité des langues ont pour origine la nature « infiniment instable et variable » de l’homme. Puisque, après Babel, il est puni par l'oubli de l'idiome premier, il dut alors réparer sa faute, recréer ses parlers selon son bon plaisir. De là naquit la multitude des parlers "vulgaires" ... Mais l'homme est un être "compagnevole", qui vit avec les autres. Il a besoin de lois, d'un bon gouvernement, mais aussi d'une langue commune. Celle-ci ne peut être la langue d'une élite, une langue "artificielle" et figée, le latin forgé par et pour les Docteurs.
Dante invente une voie originale, dans le De vulgari eloquentia, pour concilier le besoin d'unité et l'incontournable diversité qui marque les affaires des hommes: qu’on écoute les meilleurs des poètes présents dans les cités italiennes, ils constituent la curia encore dispersée de l’Italie, qu’on donne à leurs œuvres une fonction nouvelle, d’être la « mesure » de tous les parlers italiens, afin de les guider. Le geste est celui d'un poète et d'un « politique».
Et ainsi Dante nous lègue une question : comment aujourd’hui, sans abolir la naturelle diversité des langues, inventer le parler commun nécessaire à toute "convivenza" ?
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