Dans cette intervention, on s’attachera à l'étude de ce point de contact privilégié entre psychiatrie et justice que représente l’expertise psychiatrique. Il s’agira en particulier de comprendre pourquoi et de quelle manière, à partir du 19e siècle, la psychiatrie a été amenée à intervenir dans le domaine judiciaire, en produisant justement un discours d’expertise. Comment, sollicité par la justice pour traiter certains cas particulièrement complexes et, d’abord, pour établir la possibilité même du droit de punir, ce discours a conquis une légitimité et une autorité qui mérite qu’on les interroge. Qu’on les interroge d’abord parce qu’elles ont acquis une forme d’évidence qui occulte pour une part les effets de la sédimentation historique des pratiques et des discours de légitimation ; et qu’on les interroge ensuite parce qu’une mise en perspective historique et critique de cet engrenage juridico-psychiatrique permet peut-être d’éclairer certains aspects de notre propre actualité, de notre manière de nous rapporter, aujourd’hui, au droit et à la folie, au traitement judiciaire et pénal d’actes manifestement insensés ou monstrueux et d’individus que l’on peine à tenir pour pleinement responsables des actions pour lesquelles la justice et la société réclament un coupable.